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Partie N°3
Avec Tibo une idée nous trotte dans la tête, le secteur des gorges du premier affluent nous attire. Jean ne le connaît pas et s’est toujours retrouvé bloqué après le dernier gros pool, il n’y a ensuite aucun accès sur plusieurs dizaines de kilomètre. Rendu sur place, on se lance alors dans une randonnée pour contourner les premières falaises. Le sentier montagneux est pittoresque et ça monte dur. On longe la rivière à une centaine de mètres de hauteur mais impossible de trouver un accès correct pour la rejoindre. Enfin une opportunité, un pan de falaise s’est éboulé. La descente est sportive et c’est un peu de l’escalade mais entre les arbres éventrés et les gros blocs rocheux ça passe.

Arrivés en bas la rivière est somptueuse et de beaux courants s'offrent à nous. Un martin pécheur local nous accueille et semble très intéressé par les premiers poissons que l’on sort de l’eau.

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Alors que je prospecte une belle veine d’eau, Tibo descend un peu en aval pour insister sur un poste marqué qui lui a tapé dans l'œil en randonnant vers la rivière. Je l’entends tout à coup crier et alors que je cours le rejoindre, je le retrouve la canne pliée en 2. Pas de doutes, il est pendu à notre premier Saumon. Le poisson est très puissant, c’est inimaginable. Il tient le fond de cette zone profonde au pied d’une falaise impossible de le faire monter vers la surface. Par chance ce petit pool est propre, pas d’arbre immergé, pas de bloc rocheux, il faut donc patiemment le combattre et ne pas faire de bêtises !
La canne travaille bien (Dragonbait Trout LX 7’4 en 2/10g), elle a une réserve de puissance incroyable pour sa puissance et le moulinet en taille 2500 gère plutôt bien mais en 23°° on n’a pas droit à l’erreur.

C’est un travail d’équipe et j’essaye de le conseiller au mieux, on n’est pas à notre coup d’essai sur les saumons. Nos rencontres des années passées dans les Gaves nous donnent un peu d’expérience. Il maitrise ça très bien et ne panique pas. Je pense aussi que sa connaissance des combats sur des gros carnassiers l’aide. Enfin on aperçoit les reflets argentés du Chinook. C’est énorme ! Il semble montrer les premiers signes de fatigue, il ne faut pas se précipiter mais ça sent bon !
Un dernier rush vers l’aval est bien contré par Tibo qui le suis en hauteur, le poisson remonte maintenant en surface le long de la falaise. Je me place dans 1 m d’eau sur un bloc immergé en bordure et j’attends. On va tenter l’épuisetage, il faut maintenant le retourner, le diriger dans ma direction et enfin essayer de rentrer ce mastodonte dans notre épuisette qui semble bien petite.

La première tentative sera la bonne, la dérive est parfaite et d’un geste je hisse non sans effort ce superbe Chinook sur la berge. C’est gagné! Tibo peut relâcher la pression, son cri de joie résonne dans la vallée !!!
Quelques photos et vidéos, un coup de toise et il est temps de rendre sa liberté a ce superbe poisson qui a déjà parcouru beaucoup de chemin pour arriver là !
Tibo est sur un nuage, il tremble encore, son fil est complètement HS sur une dizaine de mètres, vrillé par les contraintes et les échauffements du long combat. Il faut qu’on se pose quelques minutes pour réaliser la chance d’avoir pu faire une telle rencontre !!

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L’instant passé et bien apprécié, on reprend la découverte de ce parcours. La progression n’est pas facile mais en jonglant de berges en berges, en sautant de rochers en rochers, on remonte ce superbe secteur.
Compliqué de prendre et surtout d’apprécier des poissons modestes après ces émotions et il nous faut un bon moment pour retrouver la pêche !
Malgré tout sur la fin de matinée des Fario de belles tailles se prennent régulièrement même si des beaux postes nous laissent un peu sur notre faim. Il est maintenant temps de se poser pour pique-niquer avant de se lancer plus haut dans notre prospection !
On reprend l’après-midi motivés comme jamais, car de très beaux postes s’offrent à nous, un joli courant profond et ponctué de bloc rocheux nous laisse présager de beaux poissons. Je le peigne en premier à l’aide d’un leurre sinking de belle taille mais rien. J’insiste longuement quand tout à coup sortie des abysses une ombre géante monte et s’enroule autour de mon leurre et s’en saisie mais il ne se pique pas. Je reste sans réaction, je viens de manquer à mon tour un Chinook !!
Malgré un nouveau peignage en règle de la zone et de multiples changements de leurres (dur et souple), on ne parviendra jamais à faire remonter ce saumon.

Je suis un peu dépité et j’ai l’impression d’avoir laissé passer ma chance sans avoir vraiment pu combattre.
Patagonie, rivières
Qu’à cela ne tienne on retrouve la motivation car cette zone semble très propice et ce parcours reste superbe.
D’ailleurs 100 m plus haut se présente contre un falaise un pool plus gros, bordé d’une plage, cela ressemble parfaitement au coin rêvé pour y cacher un de ces monstres !
Mon premier passage au PN me fait de suite comprendre que je ne passe pas assez profond, alors que je monte un leurre souple de belle taille afin de présenter une belle bouchée plus près du fond, Tibo a été plus rapide que moi.

Il lance son LS au ras de la falaise, prend contact avec le fond, 2 animations et immédiatement c’est un gros stop. C’est incroyable mais un nouveau chinook vient de se saisir de son leurre.
Le premier rush est terrible et dans ce pool plus grand le saumon lui prend immédiatement 30 m de fil vers l’amont, Tibo court le long de la berge pour suivre ce poisson à la puissance démoniaque …
Le combat commence fort et il met immédiatement le matos aux bords de la rupture mais une fois de plus Tibo gère à merveille. Une fois ce premier rush contré, il essaye de reprendre la main. Le poisson redescend maintenant et permet à Tibo de se positionner un plus en hauteur. Le saumon tourne au cœur du pool dans la zone la plus profonde, il n’a toujours pas montré le bout de son nez et vu la puissance qu’il développe, Tibo m’annonce qu’il est plus gros que le premier, ça s’annonce vraiment long.
Tibo maintient une tension importante et permanente sur le poisson afin de le fatiguer au plus vite mais l’effet est limité et le Chinook se ballade un peu où il veut.
A nouveau il remonte, Tibo ne peut pas l’arrêter et cela se complique car le poisson s’immobilise alors sous un gros bloc en plein milieu du pool. Impossible de le faire bouger même en modifiant l’angle d’attaque et le fil frotte dangereusement. On envisage plusieurs solutions pour essayer de le déloger mais sur ce secteur la rivière est infranchissable. On imagine même aller le dégager à la nage mais l’eau très fraiche nous fait renoncer. Tibo se place au maximum plein amont et essaye de tirer à la limite de la rupture mais rien n’y fait. On tente alors l’initiative de la dernière chance, Tibo relâche complètement la pression et donne du mou, 1 longue minute et rien ne se passe. L’histoire semble mal embarquée quand tout à coup comme par magie, le fil se déplace vers le haut du pool, le poisson c’est dégagé tout seul et Tibo reprend gentiment le contact. Le combat reprend donc mais avec l’inconnu de l’état du nylon, il va falloir y aller encore plus mollo.
Tibo reprend sa position en hauteur et essaye d’épuiser le poisson en le laissant tourner sur le bas du pool entre un arbre immergé et ce fameux bloc rocheux. C’est un travail de patience et de concentration et petit à petit le poisson montre des signes de faiblesse, on l’aperçoit enfin.
Les rushs sont de moins en moins violent et on commence même à imaginer pouvoir gagner ce combat.
A nouveau je me mets en place avec l’épuisette, premier passage trop loin et trop rapide, il faut encore patienter mais la prochaine tentative sera la bonne. L’épuisette est pleine et ça déborde de partout, ce poisson passe les 15 kg…
Patagonie, Chinook N°2
L’instant est magique, on est là posé sur cette plage perdue, au milieu de cette vallée sauvage, au cœur de la Patagonie à contempler ce fabuleux Saumon. Il l’a fait, sacré Tibo, c’est vraiment un super coup de ligne et une session de dingue, 2 chinook dans la même journée sur du matos light, un record je pense ! Quel plaisir d’avoir pu vivre et partager ces moments.

Il est encore tôt dans l’après-midi et le linéaire à découvrir immense. On reprend donc notre aventure.
Tibo ne pêche presque plus il est comme groggy et dans un état second. De mon côté le sentiment est partagé, entre l’euphorie et la frustration. Mais sur ce parcours exceptionnel, je veux moi aussi mon poisson trophée.

Mais ce n’est pas si simple et la motivation ne fait pas tout, les poissons touchés sont maintenant plus petits. La progression devient plus délicate car la vallée se resserre. Les coups très marqués s’enchainent entre des petites cascades c’est vraiment paradisiaque.

Un lancé sur la fin d’un courant profond fait sortir une très belle truite de sous une dalle, 2 animations plus tard elle coffre mon D Contact 72. Après un ferrage sérieux, le combat débute par un rush vers l’amont, mais mon bridage couplé à l’action du courant oblige le poisson à faire demi-tour. Sa descente est alors très rapide, impossible de garder le contact, elle se retrouve très vite à ma hauteur et continu sa course folle. Cette truite est maline. Elle se jette dans la cascade et se positionne immédiatement dans le courant inférieur. Le combat se complique car je ne peux pas la suivre. Je suis coincé sur un caillou qui domine la cascade et avec l’appui du courant impossible de faire remonter ce très beau poisson. Il va falloir trouver une autre solution !!
C’est à nouveau du travail d’équipe car clairement seul, il n’y avait aucune chance de sortir vainqueur de ce combat.
Tibo descend alors en contournant un gros bloc afin de se placer au bas du courant inférieur.
Mais la truite n’est pas très coopérative, le courant puissant et Tibo à 10 mètres de moi. Il faut manœuvrer habillement. D’abord faire remonter le poisson le long du bloc puis le laisser gentiment descendre pour rejoindre l’épuisette tendue par mon ami. C’est plus facile à dire qu’à faire avec une 55+ mais après 2 ou 3 tentatives c’est rentré. Ouf! Je tiens mon beau poisson.
Patagonie, belle truite fario,
Il se fait tard et le retour sera périlleux. Il est donc temps de rentrer et de redescendre le long de ce fabuleux parcours.

Arrivés aux voitures c’est la fête et même si nos collègues ont eu un peu moins de chance que nous, l’équipe est aux anges et nos guides enchantés par la prise de ces poissons exceptionnels. De retour au gite, il faut boire un coup pour fêter tous ces exploits. Encore un super moment de convivialité et d’échanges avec un groupe au top du top !!